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vendredi 29 mars 2024

Les soutiens complotistes de Trump cherchent refuge auprès des réseaux sociaux

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Peu de temps après l’envahissement du capitole, les partisans complotistes de Donald Trump ont été bannis de Twitter. Ces extrémistes qui militent pour la cause du président américain sortant sont présentement en train d’essayer de se réorganiser dans les tréfonds d’internet. Depuis que leurs comptes ont été bloqués, c’est devenu très calme sur Twitter. En effet, plus de 70 000 utilisateurs ont été exclus à cause de l’implication de nombreux QAnon dans l’attaque du capitole, le 6 janvier 2020.  Facebook et YouTube ont également fait le tri parmi leurs utilisateurs. Ne sachant plus où dérouler leurs réunions, les complotistes et extrémistes pro-Trump se tournent vers les autres applications de messageries, les plateformes de partage de vidéos alternatifs et réseaux sociaux comme Telegram, Parler, Signal, Gab, Rumble, VK, MeWe, etc. Les partisans de cette mouvance conspirationniste qui sont restés sur Twitter ont dû s’inscrire sur ces plateformes pour ne pas perdre le contact avec le reste de leur communauté.

Parler, expulsé des serveurs d’Amazon

L’exclusion par Twitter de Donald Trump et de ses partisans a eu de nombreuses conséquences. Selon l’analyse du maître de conférences de l’université de Lorraine, Sébastien Mort, ces changements ressemblent à un mouvement de reconfiguration. Ce spécialiste de la politique et des médias américains décrit cette situation comme « un moment de flottement, une incertitude par rapport à la façon de se réorganiser ». Les conspirationnistes se sont en premier lieu regroupés sur l’appli Parler. Cette dernière a été lancée en 2018. Elle ressemble fortement à Twitter. La plupart de ses abonnés sont ultra-conservatrices. Parmi eux, nous pouvons citer l’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, l’ancien candidat républicain à la Maison Blanche, Ted Cruz ou encore Marion Maréchal. En quelques jours, le réseau social s’est hissé en tête des téléchargements outre-Atlantique sur les iPhones. Pour barrer la route à ses extrémistes et complotistes, Parler a été expulsé des magasins d’applications de Google et Apple et des serveurs d’Amazon. Ces trois grandes entreprises ont décidé de sanctionner cette plateforme car elle continuait de relayer des messages d’incitation à la violence même après l’envahissement du capitole. Le réseau n’a pas suspendu le profil des partisans du locataire de la Maison Blanche comme Facebook, Snapchat, Twitter et Twitch. Son fondateur John Matze a affirmé qu’ils mettront tout en œuvre pour revenir en ligne le plus rapidement possible.

Ruée vers Telegram

Les conspirationnistes utilisent la messagerie Telegram pour communiquer entre eux. Sophie F., la coadministratrice de « QAnon France » affirme que le groupe a doublé son nombre d’abonnés en seulement quelques semaines. La popularité de Telegram a décollé en quelques jours. Cette application de messagerie chiffrée a été créée par deux frères russes. Certains des partisans français du groupe espèrent toujours sortir vainqueur de cette situation. L’un des membres, Karine W. a s’est exprimé le 11 janvier dernier : « Temps difficiles à venir, plus durs que ce que déjà vécu. Tout est prévu depuis le meurtre de JFK. […] Gardez-vous émotionnellement stables, même si fatigués physiquement. Ce n’est pas fini, le pire est à venir avant le meilleur. » Selon le spécialiste des théories du complot et de la mouvance QAnon, Mike Rothschild, les ultra-conservateurs ont choisi Telegram car l’application est beaucoup plus fonctionnelle que Gab ou Parler. Pour lui, la polémique sur la protection des données de la messagerie concurrente WhatsApp a également influencé cette décision. Au début du mois de janvier, le cofondateur du groupe, Pavel Durov a annoncé que Telegram a dépassé les 500 millions d’utilisateurs mensuels actifs et a gagné 25 millions de nouveaux utilisateurs. Cependant, certains conspirationnistes commencent déjà a trouvé un nouvel alternatif en voyant que les administrateurs de l’application commencent à supprimer des contenus néonazis.

Gab “veut le trafic QAnon”

Selon les informations délivrées par le Business Insider, Signal a gagné 7,5 millions d’utilisateurs entre le 6 et le 10 janvier. Les administrateurs du groupe ont même dû investir dans de nouveaux serveurs pour garder le cap. Ils ne voulaient surtout pas connaître la même contrainte technique que le réseau conservateur Gab. Ce dernier a vu son trafic bondir de 753% en seulement 24 heures. Cette affluence a provoqué des bugs et des ralentissements et a fortement pesé sur l’expérience utilisateur. Le fondateur du groupe, Andrew Torba a encouragé les adeptes de QAnon à rejoindre sa plateforme en lançant un service de streaming qui possède une rubrique exclusivement dédiée à eux. La mouvance conspirationniste présente sur ce dernier compte plus de 172 000 membres. L’application canadienne Rumble et le réseau américain MeWe ont également connu une importante progression.

Une “déplateformisation” peu efficace

Selon le chercheur à l’université de Neuchâtel, Vincent Carlino, l’exclusion de Donald Trump et de ses dizaines de milliers de soutiens a considérablement réduit leur force de frappe. Le contributeur pour le site britannique Logically, Nick Backovic affirme que la déplateformisation ne résout pas le problème car les conversations continuent toujours de se tenir. Mike Rothschild rappelle qu’en 2018, Reddit s’était débarrassé des contenus QAnon et avait effectivement ‘déplateformisé’ le mouvement, jusqu’à ce qu’il s’implante sur Twitter et y prenne de l’ampleur. L’influenceur QAnon « Neon Revolt » a gagné plus de 100 000 utilisateurs sur Gab en à peine 1 mois. Les conspirationnistes sont toujours capables de s’organiser, de communiquer et de faire circuler des informations malgré leur exclusion de plusieurs plateformes.

Le besoin de “revenir sur Twitter”

Selon Mike Rothschild, Telegram et Gab ne permettent pas aux QAnon de se développer. Selon lui, ces réseaux “sont des cercles fermés où tout le monde est d’accord avec tout le monde”. L’homogénéisation des pensées et le manque de contradiction ne permettent pas de trouver de nouvelles recrues. Leur bannissement ne pourra être efficace que si les géants d’internet s’engagent à lutter activement contre ces discours sur le long terme. On remarque déjà que certains comptes suspendus sur Twitter ont pu revenir assez facilement. S’il n’y a aucun suivi, les adeptes QAnon pourront toujours continuer d’atteindre de nouvelles cibles.

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